18 mars 2006

MON SOUVENIR D'AÏN-EL-ARBA

J'habitais depuis près de huit ans dans ce village lorsque je pris conscience de sa réalité.
La chaleur et la rectitude des rues plates sous le sable et le soleil sont les deux choses qui reviennent pour illustrer cette découverte rétrospective.
D'une place carrelée, des rues partaient en étoile, le centre autour duquel s'organisaient la mairie et l'église en était un kiosque à musique.
Au bout de chacune de ces rues, en fait de grands chemins sans limites réelles, la campagne déserte de montagnes pelées et de cyprès géants s'imposait au regard du voyageur curieux
Une allée de cyprès évidente au premier coup d’œil, conduisait au cimetière, un village grandiose de morts vivants dans le marbre et le ciment, un lieu qui resterait l’unique attache de notre famille à ce village désormais perdu.

Au delà d'une dépression ridicule que nous appelions par dérision la vallée de la mort, il fallait marcher quelques minutes pour se retrouver dans le lit véritable de l'oued qui avait été émasculé et ramené a la dimension de gué dans la traversée du village.

A l'opposé sur le chemin de la « remonte » qui conduisait à la nouvelle école, il fallait emprunter, l’hiver, le piège d’un escalier boueux, taillé à même la glaise, pour atteindre la limite civilisée de l’ancien Aïn-El-Arba, pour atteindre les nouveaux quartiers et l’école ultra moderne.

D'immenses places toujours vides coupaient de loin en loin les lieux essentiels de mon village. Ces grandes taches blanches sous le soleil et le ciel bleu violet, solitudes des heures de sieste, sensation perpétuelle de vacances, donnaient au cadre de vie que je venais de découvrir, alors que j’allais le quitter, le goût amer du paradis perdu.

La maison familiale proche de l’Oued, offrait des lieux plus secrets, et se superposait comme un refuge ou une fuite à ceux de l’extérieur.

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