25 avril 2006

MON SOUVENIR D'AÏN-EL-ARBA (4)

Je ne me souviens plus très bien comment nous étions assis dans cette aronde familiale, ni si ma mère nous accompagnait, mais je crois me souvenir que mon père avait pris sa voiture et que nous nous suivions.

La voiture de mon père était une dauphine blanche immatriculée 284 FD 9G.

J’ai su plus tard qu’elle avait été convoyée d’Oran à Bourges par la société Serre et Pilaire pour un prix de 31.50 francs de l’époque.

Elle devait quitter le port d’Oran le 25 juin 1962 pour arriver à Bourges le 03 juillet 1962.

Nous étions donc partis les uns dans la fourgonnette du curé, les autres dans la dauphine paternelle, deux voitures isolées dans ce mois de juin de tourmente, sur la route entre Aïn-El-Arba et Oran.

Une route qui semblait interminable dans ce matin gris sans soleil.

Je revois maintenant, précisément la scène, moi et mes cousins à l’arrière de l’aronde du curé, les yeux fixés sur le compteur de vitesse.

C’était un compteur Simca qui ressemblait à un thermomètre horizontal et sur lequel la vitesse était indiquée par une sorte de liquide orange qui progressait vers la droite au fur et à mesure que la voiture accélérait.

Nous roulions à 110 120 kilomètres à l’heure, et j’étais impressionné par la stabilité du liquide orange sur ces chiffres magiques 110 120.

J’observais fixement le compteur, peut être pour ne pas avoir à parler, lorsque je le vis descendre subitement, et sentis simultanément la voiture ralentir.

M Ducotey poussa un juron en ralentissant et tous le monde regarda la voiture en panne sur le bord de la route et les deux arabes en djellaba qui nous faisaient signe de nous arrêter.

Dans une sorte de manœuvre très subtile, notre chauffeur vint doucement à hauteur des deux hommes, puis semblant les reconnaître, accéléra en tournant la tête vers eux, ce qui fit faire une légère embardée à la voiture.

Personne ne disait rien et nous regardâmes la voiture de mon père derrière nous qui avait scrupuleusement effectué la même manœuvre que l’aronde.

Avions nous échappé à une embuscade ?, j’aimais à le croire, mais personne n’en parla plus tout au long du chemin vers Oran.

Dopée par l’incident , la voiture reprit sa vitesse initiale et le compteur se cala à nouveau sur le chiffre de 110 kilomètres à l’heure.

Nous avions parcouru la moitié du chemin, environ, lorsque nous rattrapâmes un convoi escorté par deux half-tracks qui avait du se constituer le matin même dans le village, et partir un peu plus tôt que nous.

L’adjudant de gendarmerie responsable de ce convoi nous obligea cette fois à stopper, et fit remarquer vertement aux chauffeurs qu’ils avaient été inconscients de partir seul avec autant de personnes dans deux voitures sans protection.

C’est donc escortés par la gendarmerie, et à vive allure que nous sommes entrés dans Oran.

La ville n’avait plus son allure des jours de vacances, celle que je connaissais lorsque je venais en vacances chez mon parrain.
Je ne sais plus, d'ailleurs, si lui et sa femme étaient encore à Oran à ce moment.

Cette fois, nous étions accueillis par mon oncle François, policier de son état, qui attendait lui aussi son départ pour la France.

Aucun commentaire: