28 février 2006
MELCHIOR L'ANCIEN
LUCIA ET LES BD
c'est notre cité ardente
qui voit fier et marche droit,
la peur en est absente, car en son chef est la foi...
Tous, c'est à dire mon frère Damien, mon cousin Roger, Christian, et Sébastien.
Ma tante Lucia, en était la cuisinière.
Cette couverure de BD, était l'une des livres que nous avions emmenés... qu'elle avait officiellement amené, car en fait les BD étaient interdites par le Curé.
Lucia était notre couverture, elle qui ne savait ni lire ni écrire , prétendait, en racontant les histoires de nos BD, le soir à la veillée, qu'elle adorait ces histoires qui la détendait après une dure journée à cuisiner, ranger et astiquer les dortoirs.
On ne sait qui était dupe de nous ou du Curé Jimenez, qui gobait ces histoires de Lucia fan de BD !
LILIANE ET LES DEUX SOEURS
LOS PUROS
27 février 2006
LES PARENTS DE DENISE (2)
A Vera, Damiana s’était elle précipitée chez ses parents, au 15 de la Calle de la Inclusa , pour y retrouver Rosa et Beatriz ses sœurs, et le réconfort dont elle avait besoin dans son état ?
Nous avons jusqu'à présent peu parlé de la famille de Damiana.
Son père Jose Deharo Leon était métallurgiste de son état, il avait donc profité de la prospérité des mines pour s’établir dans les industries de transformation périphériques de l’activité minière.
Comment avait il perçu le mariage de Damiana avec Juan Manuel et comment réagit il à la décision prise par ce dernier d’émigrer et à terme d’entraîner sa femme et son fils dans cette aventure ?
Lui servait il sans cesse l’exemple de Beatriz, de cinq ans son aînée, qui avait épousé sept années plus tôt, Bartolome Nunez Segura, un compagnon maçon de Vera, dont nous allons maintenant conter l’histoire.
LE SOUVENIR DES VIVANTS (3)
Cette relation avec un personnage disparu avait commencé de me hanter un peu plus tard dans l’âge, lorsque je pris conscience de l’existence de la mort, au travers des manifestations les plus tangibles que les vivants eux mêmes célébraient comme pour s’assurer de la réalité de son existence au sein de la vie elle même.
Parmi ces manifestations, les nombreuses visites au cimetière que rendait nécessaires une vie religieuse intense dans un bourg marqué par des contrastes ethniques forts, avaient constitué l’un des éléments déterminant de ma perception des disparus.
En dehors des inhumations, la communauté catholique du village, à laquelle nous appartenions, organisait régulièrement des processions vers le cimetière, auxquelles assistaient, souvent malgré eux, l’ensemble des habitants.
Dans ces moments, les différents groupes ethniques ou culturels donnaient à leurs relations habituellement caractérisées par une indifférence polie, un tour plus violent, chacun s’ingéniant à marquer sa différence avec celui ou celle qui manifestait son appartenance religieuse.
La communauté espagnole se divisait alors entre catholiques et laïques, les européens fuyaient leurs juifs, les musulmans leurs intégristes, les Français de Métropole les Français qui avaient récemment acquis cette nationalité.
Même si certains n’y voyaient que le jeu légitime des opinions et des oppositions, ces relations complexes allaient s’envenimer jusqu’à la violence lors des conflits qui marquèrent l’accession de l’Algérie à l’indépendance.Ce lieu particulier, le cimetière, à quelques centaines de mètres du village, nous disions toujours le village, était devenu un espace de notre vie d’enfant avec ses caractéristiques propres. Nous en connaissions les coins et les recoins, et aussi les histoires.
26 février 2006
LES PARENTS DE DENISE
Ainsi, Juan Manuel, après avoir épousé Damiana, la fille de José De Haro Léon (1850-1908) et de Antonia Garcia Molina, (1850-1901), après lui avoir fait un premier enfant, qui portera le nom de son père Pedro, est contraint de Quitter Vera, sans contrat de travail précis, pour finalement se retrouver salarié agricole sur l’exploitation de M Vives en Algérie, à Aïn-El-Arba.
Cela se passait un matin, de l’année 1909, sans que nous puissions donner plus de précision.
On voit la jeune épouse de 28 ans, Damiana, son ventre déjà rond, accompagner Juan Manuel sur le perron de la maison de la Calle Hileros.
Ils s’enlacent tendrement, elle pleure, il cherche a la rassurer, le regard déjà lointain, guettant son frère Francisco, car ils doivent sans délai partir pour Almeria ou les attends le bateau pour Oran[i]
Comment ont ils voyagé pour faire les 93 kilomètres qui séparent Vera d’Almeria,
Ont ils pris le train a Zurgena, ou emprunté en Bus, la magnifique route de corniche, qui permet, tout le long du chemin, de scruter le long de la montagne, riche en minerais de toute sorte, les petites maisons de mineurs, les hauts fourneaux et les tunnels de glaise qui serpentent indéfiniment vers la mer.
Constataient ils avec regret que la plupart des hauts fourneaux étaient éteints, ou avaient ils le cœur brisé et meurtri, en voyant fumer les cheminées de leurs anciens voisins et collègues de mine, dans ces endroits qui hier encore leur garantissaient des conditions de vie décentes.
Le présent sous leurs yeux, devenait leur passé au fur et a mesure qu’ils progressaient vers Almeria.
LE SOUVENIR DES VIVANTS (2)
Hors des institutions, hormis celle de sa propre foi dont elle entendait gérer elle même les nécessités, elle avait acquis le statut d’un ultime recours dont la sagesse, l’abnégation et le courage réduisaient à néant toutes les lâchetés et tous les renoncements.
J’ avais donc pendant un très petit nombre d’années, reçue, insufflée par une seule présence, l’éducation muette de cette grand mère maternelle fantasque.
De violentes douleurs abdominales dans la nuit et le réconfort d’une main anguleuse sur le front accompagné d’un biberon sucré ou aromatisé d’eau de fleur d’oranger tel est le souvenir le plus cruel et le plus poignant que je garde de cette femme.
Cruel, parce que fugitif encore aujourd’hui et poignant parce que la réalité de ce souvenir m’ échappe même dans les moments où mon esprit fouille les souvenirs les plus reculés et les plus lointains de ma mémoire.
Un tête à tête muet sur la table carrée du bureau dans lequel elle se réfugiait pour prendre un repas toujours frugal, me rapporte le fumet d’une soupe blanche aux amandes, la couleur d’un tapis marocain vert et rouge, et le goût acidulé d’une boisson d’eau additionnée de vin rouge.
Je revois mon regard interrogateur devant ce front large et bronzé, cerclé de cheveux gris filasse, parsemé de taches de vieillesse, s’inquiétant de ce que je pourrais dire, s’inquiétant de ce qu’il devait me dire, s’interrogeant sur ma capacité à, un jour peut être, relayer son action dans le futur...Cette scène sans paroles, sans autres personnages, dans la maison , vide de mes parents et de mes frères, me hante comme un rêve dont je ne maîtrise (à suivre)
23 février 2006
22 février 2006
LE SOUVENIR DES VIVANTS
20 février 2006
BABETTE MARRAINE DENISE ET LUCIA
Par la suite, en confrontant son récit, à la lecture d’un acte notarié de 1890, et de titres de propriété de 1886, je pense être parvenu à mieux comprendre ce qui a poussé, en 1909, mon grand père Juan Manuel De Haro Cervantes, alors âgé de 32 ans, et son frère Francisco à quitter la petite ville de Vera en Andalousie pour Ain-El-Arba en Algérie.
C’est Juan Manuel qui le premier de la famille s’est installé dans ce village où sont nés 2 générations de notre famille, entre 1909 et 1962, date à laquelle nous l’avons quitté pour la France.